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Libération
TRIBUNE

Algérie: le testament des décombres

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par Mahmoud SENADJI
publié le 2 juin 2003 à 23h14

Encore une fois, les Algériens sont frappés dans leurs coeurs. Le tremblement de terre éventre l'Algérie et nous expose la réalité nue d'une population en détresse, des scènes de désolation, le courage des gens, à mains nues, avec un matériel de fortune, qui, obstinément, creusent, compatissent, libèrent, identifient les morts, enterrent, donnent leur sang, organisent les secours ; ils font corps avec les victimes, les sinistrés, avec tous les désespérés.

Ce tableau macabre leur renvoie leur propre image. Le tremblement de terre est la représentation d'un peuple victime de l'incurie d'un pouvoir, d'une population livrée à elle-même ; il balaie tous les discours démagogiques et caducs, et nous livre le vrai visage d'un pouvoir corrompu et corrupteur : de la base au sommet, les voyous ont la mainmise et répandent, depuis l'indépendance, sur la face de ce peuple, deuil, malheur et désespoir.

Avec cette catastrophe, les Algériens atteignent les bornes du désespoir, la colère laisse place à la rage qui s'installe ; l'image conspuée du faux Président, le temps d'un moment, a été une forme de catharsis face à l'héroïsme tragique de la population.

Le tremblement de terre expose la nature réelle d'un pouvoir arrogant et inique, uniquement préoccupé par sa survie, capable de générer les complots et de les gérer, mais non de gérer les crises et les catastrophes. A l'image du faux Président se rendant sur les lieux du sinistre dans une tenue de primé de Cannes, d'un «Premier ministre» gonf