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Libération

Ici Henri IV, à toi Raffarin

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publié le 4 juin 2003 à 23h15

Un soir de manifestation à l'hôtel Matignon.

Jean-Pierre Raffarin, mal rasé, cravate froissée.

Ah, je ne comprends pas le drame qui m'accable

Et comment je suis pris dans ce noeud implacable

Car je m'étais pourtant à moi-même juré

Qu'en rien je ne suivrais les traces de Juppé.

Malgré tout me voilà revivant l'aventure

D'un homme dont j'avais plaisanté la posture.

Si je pouvais encore expliquer aux Français,

Dans les yeux, un par un, les chiffres que je sais.

François Fillon

Je ne puis qu'apprécier votre pédagogie,

Je crois qu'elle rendrait une foule assagie.

Jean-Pierre Raffarin, rêveur

Parler dans un bistrot, sur la colline, à flanc,

Où l'on offre aux copains un panaché bien blanc,

Ah, le panaché blanc !...

(A cette évocation, le spectre d'Henri IV apparaît dans une bonne odeur d'ail, de jurançon et de poule au pot.)

Le spectre d'Henri IV

Qui brandit mon emblème ?

Est-ce toi, mon garçon ? Tu me sembles fort blême

Et plus pâle en effet, quand j'en étais paré,

Que le panache blanc sur mon front arboré !

Jean-Pierre Raffarin, esquissant une révérence

Que me vaut, Majesté, l'immense privilège ?

Le spectre d'Henri IV

Je vois que mon royaume ici se désagrège,

Les écoles fermées, les charrois en repos,

Chacun qui contre toi tient de furieux propos,

La Poste qui renâcle et tous les fonctionnaires

Qui veulent des pensions pour les cinquantenaires.

Jean-Pierre Raffarin, désespéré

En décentralisant, car la France étouffait,

Je pensais en retour apporter un bienfait

Mais le corps enseignant dès ce mot-là se rue,

Il se je