Un soir de manifestation à l'hôtel Matignon.
Jean-Pierre Raffarin, mal rasé, cravate froissée.
Ah, je ne comprends pas le drame qui m'accable
Et comment je suis pris dans ce noeud implacable
Car je m'étais pourtant à moi-même juré
Qu'en rien je ne suivrais les traces de Juppé.
Malgré tout me voilà revivant l'aventure
D'un homme dont j'avais plaisanté la posture.
Si je pouvais encore expliquer aux Français,
Dans les yeux, un par un, les chiffres que je sais.
François Fillon
Je ne puis qu'apprécier votre pédagogie,
Je crois qu'elle rendrait une foule assagie.
Jean-Pierre Raffarin, rêveur
Parler dans un bistrot, sur la colline, à flanc,
Où l'on offre aux copains un panaché bien blanc,
Ah, le panaché blanc !...
(A cette évocation, le spectre d'Henri IV apparaît dans une bonne odeur d'ail, de jurançon et de poule au pot.)
Le spectre d'Henri IV
Qui brandit mon emblème ?
Est-ce toi, mon garçon ? Tu me sembles fort blême
Et plus pâle en effet, quand j'en étais paré,
Que le panache blanc sur mon front arboré !
Jean-Pierre Raffarin, esquissant une révérence
Que me vaut, Majesté, l'immense privilège ?
Le spectre d'Henri IV
Je vois que mon royaume ici se désagrège,
Les écoles fermées, les charrois en repos,
Chacun qui contre toi tient de furieux propos,
La Poste qui renâcle et tous les fonctionnaires
Qui veulent des pensions pour les cinquantenaires.
Jean-Pierre Raffarin, désespéré
En décentralisant, car la France étouffait,
Je pensais en retour apporter un bienfait
Mais le corps enseignant dès ce mot-là se rue,
Il se je