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Libération

Les menteurs

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publié le 4 juin 2003 à 23h15

Bien sûr, nous avons d'autres soucis, mais tout de même... Le paradoxe serait cocasse, qui verrait les seules opinions coalisées se préoccuper de ce que fut la vérité de la guerre d'Irak II, le Pentagone en publier la réalité comptable et les Britanniques réclamer ses comptes à Tony Blair, quand les diplomaties officiellement antiguerre resteraient taiseuses. A propos d'armes, celles engagées par les envahisseurs firent l'objet de deux rapports officiels publiés dans Newsweek et le Washington Post. De ces maniaques inventaires, on retiendra surtout que sur les quelque 30 000 bombes et missiles largués, près d'un tiers n'était pas guidé, pas plus, évidemment, que le tiers de million d'obus tirés à vue. Ne manque aux rapports que le bilan, ou à tout le moins une estimation des pertes en vies ennemies. Il fluctuait, en 1991, dans un rapport de un à cent, pour faire état de 4 000 à 400 000 morts irakiens. Douze années de technologie militaire plus tard, chacun appréciera ce qu'il put en être, étant entendu que les caméras embarquées n'ont pas filmé la consomption des chairs, sous leurs enveloppes de métal ou de béton explosées.

Ce mensonge-là ne vaut donc que par omission ­ mensonge chirurgical en quelque sorte, dont le pendant hénaurme concerne ces autres armes, irakiennes et de destruction massive, dont Paul Wolfowitz ­ mollement démenti par Rumsfeld, tandis que Bush bafouille encore ses camions-laboratoires mobiles ­ nous fait enfin l'aveu qu'elles ne furent qu'un prétexte. Ce