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Libération

Ali, soucis

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publié le 11 juin 2003 à 23h20

Parfois, on ne sait pas apprécier. Ainsi, un jour, recevez-vous un mail qu'un homme vous envoie du Maroc, que vous ne savez que de réputation et à peine en touriste. Une monarchie pesante, des souvenirs de feu Hassan II, alias «notre ami le roi», auquel succéda son fiston Mohammed VI, alias «M6» ­ sous sa botte, les Marocains peuvent avoir de l'esprit. Le signataire du mail souffre d'en avoir trop et appelle à l'aide : le 8 mai, Ali Lmrabet vous parla du harcèlement policier dont il fait l'objet depuis des mois, et de poursuites engagées contre lui par le parquet de Rabat pour «outrage au roi, atteinte à l'intégrité territoriale du Maroc et atteinte au régime», pour un dessin, une interview et un photomontage dans ses deux magazines (Demain et l'arabophone Douman) que son imprimeur, menacé, n'imprimerait plus ; il vous annonçait qu'il avait entamé une grève de la faim. Hélas ! Vous ne connaissez pas Ali Lmrabet, que l'AFP, pourtant, appelle Lamrabet ; ou plutôt, vous en connaissez trop, des Ali Lamrabet, mais vous ne pouvez prendre en compassion toute la misère du monde, n'est-ce pas ? Alors, vous refilez le bébé... Un tremblement de terre, des attentats à Casa, et l'arrêt-maladie de la spécialiste du Maghreb font le reste... Vous avez eu tort : le 21 mai, Ali a été condamné à quatre ans de prison, l'interdiction de ses titres et quelque 2 000 euros d'amende. Le 26 mai, après trois semaines de grève de la faim, il a été hospitalisé. Vous découvrez, mais un peu tard, que «M6»