Parfois, on ne sait pas apprécier. Ainsi, un jour, recevez-vous un mail qu'un homme vous envoie du Maroc, que vous ne savez que de réputation et à peine en touriste. Une monarchie pesante, des souvenirs de feu Hassan II, alias «notre ami le roi», auquel succéda son fiston Mohammed VI, alias «M6» sous sa botte, les Marocains peuvent avoir de l'esprit. Le signataire du mail souffre d'en avoir trop et appelle à l'aide : le 8 mai, Ali Lmrabet vous parla du harcèlement policier dont il fait l'objet depuis des mois, et de poursuites engagées contre lui par le parquet de Rabat pour «outrage au roi, atteinte à l'intégrité territoriale du Maroc et atteinte au régime», pour un dessin, une interview et un photomontage dans ses deux magazines (Demain et l'arabophone Douman) que son imprimeur, menacé, n'imprimerait plus ; il vous annonçait qu'il avait entamé une grève de la faim. Hélas ! Vous ne connaissez pas Ali Lmrabet, que l'AFP, pourtant, appelle Lamrabet ; ou plutôt, vous en connaissez trop, des Ali Lamrabet, mais vous ne pouvez prendre en compassion toute la misère du monde, n'est-ce pas ? Alors, vous refilez le bébé... Un tremblement de terre, des attentats à Casa, et l'arrêt-maladie de la spécialiste du Maghreb font le reste... Vous avez eu tort : le 21 mai, Ali a été condamné à quatre ans de prison, l'interdiction de ses titres et quelque 2 000 euros d'amende. Le 26 mai, après trois semaines de grève de la faim, il a été hospitalisé. Vous découvrez, mais un peu tard, que «M6»
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