Cet article est le deuxième volet d'une série de trois que l'économiste René Passet consacre à la réforme des retraites. Le premier, «Retraites : sauvetage ou racket ?», est paru le 21 mai.
L'optique étroitement technicienne et «comptabiliste» que l'on nous propose s'agissant des retraites évoque l'histoire des trois aveugles explorant un objet dans lequel l'un croit reconnaître une grosse ficelle, l'autre un tuyau d'arrosage et le dernier un arbre. C'était un éléphant... chacun des trois personnages palpait respectivement la queue, la trompe et une patte. Le système des retraites, nous dit-on, est menacé de déficit, il n'y a que deux façons d'accroître les recettes, augmenter le montant des cotisations ou leur durée.
I On ne comprend rien à l'affaire si on ne situe pas la question dans le double contexte temporel et factuel qui la porte.
Contexte temporel : une tendance lourde de l'évolution. On peut en rappeler les principaux traits : une augmentation continue du PIB, obtenue par une quantité régulièrement décroissante du travail annuellement fourni dans la nation, par un nombre néanmoins croissant de travailleurs, grâce à une forte réduction de la durée annuelle du travail fourni par individu. Réduction bien plus spectaculaire encore si l'on considère la durée de l'existence humaine, en raison de l'allongement de la durée des études et de l'abaissement de l'âge de cessation de l'activité : 70 % de la vie éveillée d'un travailleur en 1850, 43 % en 1900 et 18 % en 1980. Ajou