A Giscard d'Estaing, l'Europe reconnaissante ? C'est encore trop tôt pour le clamer car quelques égoïsmes nationaux pourraient bien se manifester pour torpiller le projet de Constitution européenne mitonné par l'ancien président de la République. Un projet qui doit être présenté les 20 et 21 juin au Conseil européen de Thessalonique, avant d'être officiellement entériné en octobre par la Conférence intergouvernementale prévue à cet effet. On ne peut pourtant d'ores et déjà que saluer la performance de VGE. Même (surtout ?) si l'on avait tendance à sourire, il y a quinze mois, devant l'obstination de l'homme à se faire attribuer la présidence d'une Convention européenne en laquelle bien peu croyaient. C'était sans doute oublier un peu vite que cet animal politique à sang froid s'est toujours voulu européen et qu'il l'a prouvé dans le passé. C'est à son initiative qu'a été instituée la pratique des Conseils européens. C'est lui aussi qui a proposé l'élection du Parlement européen au suffrage universel. C'est encore lui, avec son vieux complice Helmut Schmidt, le chancelier allemand de l'époque, qui a ouvert la voie à l'euro en imaginant le défunt SME (système monétaire européen). Mais Giscard d'Estaing se méfie des envolées lyriques comme des sentiments. Sa mécanique intellectuelle lui interdit de se poser en visionnaire, en fédéraliste ou en intergouvernemental. En bon pragmatique, il cultive l'art du possible, même si, au fond de lui-même, il voit plus loin que demain.
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