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Libération
TRIBUNE

L'illusoire taxation du capital

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par Jean-Paul Fitoussi, Elie Cohen et Jean Pisani-Ferry
publié le 12 juin 2003 à 23h21

Une idée fait son chemin : pour sortir des choix amers qu'impose la dégradation annoncée des comptes des retraites, il suffirait, dit-on, de taxer le capital. Aux trois remèdes usuellement invoqués pour équilibrer à terme le système par répartition ­ travailler plus longtemps, augmenter les cotisations, réduire les pensions ­, des voix s'élèvent pour proposer d'en ajouter un nouveau qui aurait le mérite de l'innocuité sociale. La forme varie puisque, selon les cas, on entend taxer la valeur ajoutée, le résultat des entreprises ou les dividendes, mais, quel que soit le type de prélèvement, c'est toujours le «capital» ou ses revenus qu'on souhaite faire participer au financement du système.

L'enjeu est d'importance. Telle qu'elle est posée depuis les premiers rapports sur le sujet, la question des retraites a trait à l'équité entre la génération qui entre sur le marché du travail et celle qui s'apprête à en sortir. Agir sur l'un quelconque des trois paramètres usuels, c'est déplacer la charge de l'une vers l'autre. Ne rien faire est également un choix générationnel, puisque c'est laisser s'accumuler des droits acquis en reportant leur financement sur les générations futures. Ceux qui prônent une taxation du capital cherchent précisément à échapper aux dilemmes intergénérationnels, pour revenir à l'équation bien connue des choix de répartition entre capital et travail.

Est-ce légitime ? Est-ce réaliste ?

La justice sociale suppose que l'on finance par l'impôt, progressif ou propor