Concernant le débat sur les grèves dans l'Education nationale, je crois qu'un travail comparable à celui auquel se livre Alain Rey sur France Inter devient urgent. C'est donc à un peu de rigueur lexicale que je souhaite convier, ici, les débatteurs.
En premier lieu, je voudrais revenir sur une expression très en vogue ces derniers temps et reprise d'ailleurs par le ministre de l'Education-plus-tout-à-fait-nationale et néanmoins philosophe :
«Les grévistes prennent les élèves en otages !»
Je voudrais juste dire que le jour où un forcené pénétrera dans une classe et mettra un pistolet sur la tempe d'un élève, il ne restera plus de mots pour en rendre compte. D'autre part, depuis maintenant plus d'un an, une jeune femme courageuse a été prise en otage par les Farc en Colombie. Récemment, une tentative de libérer des otages de cette guérilla s'est soldée par un massacre, les guérilleros ayant choisi d'abattre leurs otages avant de s'enfuir. Ingrid Bétancour, puisqu'il s'agit d'elle, serait certainement très surprise et très choquée de découvrir que son sort est confondu avec celui de nos élèves privés de cours ! Banaliser l'expression «prise d'otage» est donc tout à fait indécent. Il convient de dénoncer cet abus de langage plutôt que de le retourner à l'envoyeur comme un mauvais boomerang : «C'est pas nous, c'est le ministre qui...» (dixit certains collègues grévistes).
La rigueur force à dire que les personnels font grève et que cela gêne les élèves (heureusement, sinon cela signi