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Libération

Les trahis du droit d'asile.

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publié le 21 juin 2003 à 23h29

Les exilés du Xe arrondissement de Paris ­ environ 130 Kurdes d'Irak, Afghans, Iraniens ­ ont vécu durant des mois le désarroi complet et la vie à la rue, jusqu'à ce que des soutiens locaux dénoncent la situation.

Un collectif d'habitants du quartier et d'organisations a en effet forcé les pouvoirs publics à abandonner la politique de l'autruche adoptée jusque-là, et un financement exceptionnel a permis de loger les exilés dans un hôtel bon marché. Une rumeur voulait que tous regardent fixement vers une Grande-Bretagne-paradis. Or, dès que les conditions d'accueil se sont un peu améliorées, la France est devenue à leurs yeux un lieu possible de protection. Certains ont sollicité l'asile, d'autres s'apprêtaient à le faire.

Le placement improvisé de plus de cent exilés dans un même hôtel commercial, alors qu'ils ont fui des persécutions dans leurs pays, ont dû survivre dans les rues parfois pendant plusieurs mois, pose évidemment quelques difficultés. En l'occurrence, au bout d'un mois, l'hôtel a entendu ne pas être transformé en centre d'accueil de demandeurs d'asile, et il a fallu chercher d'autres havres. Certains des exilés ont retrouvé la rue, et leurs doutes sur une France terre d'asile.

Les heurts et malheurs des exilés du Xe méritent qu'on y réfléchisse : ils sont représentatifs de la faillite d'ensemble de la politique française et européenne des migrations et de l'asile. Comme l'immense majorité des autres exilés, ils sont condamnés à des conditions de survie inadmissib