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Libération

Le temps suspendu

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publié le 23 juin 2003 à 23h30

Jeudi, fin de partie sociale ­ du moins, à ce qu'on était censé entendre. Samedi, changement de climat, de saison, d'ambiance, brutal échappement avec, sur l'asphalte festif et poisseux, musique et cinéma ­ deux pour marquer la cadence vers l'échéance de la prochaine fête nationale...

A tous les carrefours, dans le vacarme cacophonique de la com' gouvernementale, on étouffe comme on étrangle. Déchiffrer ses partitions pleines d'hiatus et de contre-temps, c'est coton. Tiens, José Bové entaulé à l'aube de dimanche, au terme d'une nuit partout bruyante et en hélicoptère, s'il vous plaît, quel message est-ce censé véhiculer ? Que force reste à l'ordre public, ou que, le 14 Juillet, à défaut d'annoncer triomphalement l'adoption parlementaire de la réforme des retraites, le suzerain de l'Elysée octroiera sa grâce amnistiante, en apaisante expression de sa mansuétude supra-partidaire ? Deux fers sont au feu où se forgent, selon les règles de l'art, carotte et bâton. Pour purger le corps enseignant, tel (Delavoye) dit jeudi : «La loi, rien que la loi mais toute la loi» ; tel autre (Raffarin) confirme qu'il n'est pas favorable au paiement des jours de grève ­ que personne, sur le pavé, ne s'humilia à lui réclamer ; et samedi, tel syndicat d'abord (mail du Snes de l'académie de Créteil à ses adhérents), le ministre Ferry ensuite (confidence susurrée au Monde), versaient de conserve sur les plaies du mouvement cette lotion anti-inflammatoire : ne seraient prélevés sur les salaires des