Pendant des années, les personnels de direction de l'Education nationale (proviseurs, principaux et leurs adjoints) ont tenté de traiter la question des signes ostentatoires par le dialogue, en refusant l'exclusion a priori. Ils défendaient les principes qu'ils croyaient ceux affirmés par les lois laïques, notamment celle de 1905. Ils essayaient de témoigner que la laïcité est un progrès décisif pour la liberté de conscience, pour l'égalité entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, pour les religions elles-mêmes, libérées du contrôle et de la domination de l'Etat, et plus généralement pour la vie publique et donc pour l'Ecole, en évitant une dangereuse confusion entre le spirituel et le temporel. Ils tentaient de faire appréhender que cette laïcité n'est pas une particularité française mais, au contraire, qu'elle a, comme les droits de l'homme, une vocation universelle et qu'elle conditionne une démocratie accomplie.
Celle-ci accepte les différences dans le respect de la loi commune, mais ne les exalte pas ; elle prône l'intégration et pas l'assimilation. Elle ne peut pas se résoudre à être l'agrégation des identités, des communautés, ethniques, linguistiques, religieuses. Certes, l'identité sert à construire la mémoire ; certes, la démocratie tolère les corps intermédiaires mais pas au prix d'aliéner la volonté et la conscience au profit d'une communauté d'appartenance ; la fidélité à l'identité affirmée ne doit pas l'emporter sur les valeurs démocratiques fondament