Menu
Libération
TRIBUNE

A qui appartient un enfant ?

Article réservé aux abonnés
par Pierre Verdier
publié le 24 juin 2003 à 23h31

Soulevant son fils, le futur roi de Rome, Napoléon se serait écrié : «L'avenir, l'avenir est à nous !» Et Victor Hugo, qui rapporte cette scène, de commenter : «Non, sire, l'avenir n'est à personne, l'avenir est à Dieu.» L'enfant, comme l'avenir, l'enfant qui est l'avenir, n'est à personne, sinon à lui-même. Tout le monde est d'accord là-dessus. Et pourtant, combien veulent se l'approprier ! Avoir un enfant, et non simplement lui donner la vie. La triste histoire de Benjamin, revendiqué par son père et par le couple qui l'élève, l'illustre tragiquement. Mais ce conflit a été rendu possible par une loi stupide, spécificité française, qui permet de faire comme si la mère n'avait pas existé. Combien de Benjamin faudra-t-il sacrifier avant de supprimer cette injuste loi qui permet d'accoucher dans l'anonymat ?

Deux mois avant sa naissance, Philippe Peter reconnaît l'enfant à naître de sa compagne. Mais la mère accouche sous X le 14 mai 2000 et cette reconnaissance n'est pas enregistrée à l'état civil. Benjamin est donc admis comme pupille de l'Etat. Les démarches du père auprès du procureur et du conseil général restent sans suite. A quatre mois, Benjamin est confié à un couple de médecins, M. et Mme Faux, qui désire l'adopter. Le tribunal de grande instance de Nancy rejette la demande d'adoption et ordonne la restitution au père.

Sur le plan légal, la décision est fondée. Philippe Peter est non seulement le père génétique, mais aussi le père légal et en outre le père de désir. Le