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Libération

Extrader les barbares

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publié le 25 juin 2003 à 23h31

Ce qui, lundi, sur le coup de 8 h 30 et sur France Inter, mit la puce à l'oreille, fut la voix de Nicolas Sarkozy ­ l'homme qui prend par les cornes des troupeaux de taureaux. Le ministre de l'Education nationale en crise et de la Corse en référendum, de la liquidation du droit d'asile et de l'incarcération de José Bové (entre autres) en était à évoquer cet autre et spectaculaire fait d'armes de son gouvernement : le raid opéré le 17 juin contre le QG des Moudjahidin du peuple iranien, à Auvers-sur-Oise. Quand il cita avec une audible gourmandise les «dix millions (en fait, huit ou neuf, mais ne chipotons pas, ndlr) de dollars en espèces» découverts sur place, on perçut, au terme d'une brève mais vertigineuse conversion, que ce serait du gros (genre, les berlines teutonnes des Romanichels voleurs de poules, si vous voyez ce que je veux dire...). La suite était programmée. Elle advint. Certes, ces gens n'attirent pas spontanément la sympathie. Un peu barbare, ne trouvez-vous pas, cette façon de foutre le feu à leurs barbes ou aux voiles de leurs femmes... Et cette autre, vulgairement dénommée «grève de la faim», consistant à cesser d'un coup de se nourrir et hydrater... Des fanatiques (variante : sectaires), assurément... Et qu'importe si cela ne fait que vingt ans, ou à peu près, qu'on voit leurs drapeaux dans cent protestations contre les relations entretenues par le Quai d'Orsay avec les mollahs iraniens... Le compte des Moudjahidin est bon. Le nôtre aussi, à prendre ainsi