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TRIBUNE

La justicière du monde revient sur terre

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publié le 26 juin 2003 à 23h33

Il est des batailles douteuses qu'il vaudrait mieux ne pas mener. La Belgique vient d'en faire l'expérience avec sa loi criminelle dite de compétence universelle. Adopté il y a dix ans, ce texte habilitait les tribunaux belges à se saisir de toute plainte pour génocide, crime de guerre, contre l'humanité, pour le droit international, sans considération pour la nationalité des victimes et des accusés, ni pour le pays où les crimes supposés auraient été commis.

Saluée comme un progrès considérable par plusieurs associations spécialisées dans la défense des droits de l'homme, notamment après le génocide des Tutsis rwandais perpétré dans l'indifférence générale en 1994, cette loi des bons sentiments est devenue un boulet pour le gouvernement belge. Embarrassées par l'afflux des plaintes déposées notamment contre Ariel Sharon (pour le massacre de Sabra et Chatila), les autorités belges ont amendé la loi en avril, donnant le pouvoir aux gouvernements de s'opposer à la mise en cause de personnalités issues de pays démocratiques. C'est ainsi qu'il a récemment botté en touche pour interdire à son système judiciaire de se saisir des plaintes déposées pour crimes de guerre en Irak et en Afghanistan contre George Bush, Tony Blair, Colin Powell, Donald Rumsfeld et son adjoint au Pentagone Wolfowitz, Condoleezza Rice, conseillère du président américain pour la sécurité nationale, John Ashcroft, ministre américain de la Justice, et le général Tommy Franks, commandant en chef américain en Ir