Samedi, à pas mal de lieues culturelles du très gai et consensuel et communautariste cortège de la «fierté homosexuelle», une manifestation sèche et brève descendait Belleville dans le milieu de l'après-midi. Entre un flic à pied devant et une voiture de flics derrière, cent personnes majoritairement noires, pensionnaires de foyers de travailleurs à Saint-Denis, 93 ; pas de tambours ni de char pour ne rien mettre en scène de leur ostracisation, à peine de banderole en noir et blanc, et un seul porte-voix (de femme) afin de donner à la petite troupe le rythme de ce slogan plein de sens : «Immigrés ? Non ! Ouvriers ? Oui ! Des papiers pour les ouvriers sans papiers !» Et le contraste avec la parade d'un demi-million d'âmes en bruyant arc-en-ciel était spectaculaire comme, huit jours auparavant, la dispersion de la grève dans la Fête de la musique. C'est pourtant à ce chat noir et famélique que s'adresse le ministre Sarkozy, à travers sa lettre au Gisti (Groupe d'information et de soutien des travailleurs immigrés), promoteur en ligne de la pétition dite «Manifeste des délinquants de la solidarité». La plume onctueuse du ministre y déploie sa stratégie paradoxale de séduction de l'opposant. Sarkozy, ce grand dragueur, tour à tour flatte et insulte, mais toujours avec une ostentatoire pédagogie. Si c'est bon pour son image, pour le citoyen solidaire, le compte n'y est pas. Ainsi le Gisti a-t-il beau jeu de faire valoir qu'il n'a que faire de la prétendue «tolérance» que plaide S
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