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Libération
TRIBUNE

Giscard revisité

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publié le 30 juin 2003 à 23h36

S'il existait un concours Lépine de la gouvernance, Valéry Giscard d'Estaing croulerait sous les honneurs. Qu'un homme aussi imbuvable puisse laisser une oeuvre aussi appréciable, que son septennat présidentiel achevé dans la déconfiture économique, sociale et morale puisse conserver autant de traces positives dans la société française, tout cela est l'illustration des voies détournées qu'emprunte souvent la modernité en politique.

Dans la lignée des présidents de la Ve République, si de Gaulle fut le Commandeur, Pompidou l'Industrialisateur, Mitterrand l'Artiste et Chirac le Transformiste, Giscard devrait être panthéonisé comme l'Ingénieur. Nul autre que lui a autant inventé dans le registre de la vie publique française et internationale, mais aussi dans la sphère privée de ses contemporains. Et, couronnement de sa carrière, voici le projet de constitution européenne entériné la semaine dernière par les Quinze, dont l'élaboration est déjà un exploit, quand bien même la prochaine conférence intergouvernementale en détricoterait demain les équilibres subtils. Si une constitution européenne doit exister un jour, ce sera à partir du compromis forgé par l'ancien président français au sein d'une convention européenne lotie de toutes les tendances et influences contradictoires de l'Union.

Sans que Giscard ait jamais pris rang parmi les grandes figures emblématiques de l'Europe, on ajoutera donc les premiers pas constitutionnels européens à son palmarès personnel, riche déjà des réun