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Libération
TRIBUNE

L'illusion de la non-taxation du capital

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par Paul BOCCARA, Yves DIMICOLI et Catherine MILLS
publié le 30 juin 2003 à 23h35

A propos des retraites, selon certaines analyses, «prétendre taxer le capital» viserait à échapper aux dilemmes des équilibres intergénérationnels par un changement de répartition entre capital et travail. En présentant la pension comme un salaire différé proportionnel aux revenus d'activité, elles jugent incohérent de faire appel à une solidarité par la taxation du capital. Mais en réalité, elles soutiennent une modification de la répartition au profit du capital et au détriment des travailleurs, en voulant convaincre qu'il n'y a pas d'autres choix que de travailler plus longtemps, d'accroître la durée de cotisation et de réduire le montant des pensions. Ces choix pousseraient à la capitalisation.

En outre, on prétend que la taxation des revenus financiers rapporterait peu. A l'inverse, on vante la CSG, portant surtout sur les salaires et les retraites. Mais cela permet de déresponsabiliser les entreprises et les revenus financiers.

Certes, il existe des besoins importants de financement. On devrait dégager au moins 6 points de PIB d'ici à 2040 pour répondre à la dégradation du rapport actifs/retraités et relever le pouvoir d'achat des retraites. Mais la variable centrale pour ce financement, c'est l'emploi, le développement des salaires et de la formation, le type de croissance de la productivité. Une refonte du financement répondant à ces objectifs est incontournable. Ce n'est pas du tout ce que fait la réforme Fillon qui veut réduire les pensions.

Le financement des retrait