Le problème corse paraît insoluble et on ne rassurera personne en affirmant qu'il s'agit d'une situation ancienne et structurelle. L'île est en effet victime de deux verrous persistants, le clientélisme et la violence. Ce sont les principales manifestations des deux forces qui s'affrontent en Corse depuis au moins quarante ans, les traditionalistes et les modernistes, tandis que l'Etat est et reste marginal, un enjeu plus souvent qu'un acteur.
Le premier verrou est celui de l'organisation politique bien spécifique à laquelle adhère la majorité des insulaires. Cette organisation est strucet régionaux, et par 360 maires entourés de leurs 4 000 adjoints pour 190 000 électeurs et 262 000 habitants. Ce phénomène a été décrit sous le nom de «clanisme». On désigne ainsi un système clientélaire à base locale et familiale qui, dans chaque village, regroupe des parents et leurs associés contre une autre famille élargie qui possède les mêmes caractéristiques. Ce clientélisme traditionnel est envahissant dans la mesure où il déborde du politique et domine aussi bien l'économie que les moeurs. Depuis quelques années, sa base familiale a beau s'être émiettée, il a réussi à maintenir son réseau «ascendant» qui part de l'électeur derrière son maire, et aboutit à travers l'entregent des conseillers généraux, à un grand personnage, protecteur, prébendier et placeur, un député, un sénateur ou un ministre. Ce «syndicat» rabat vers le citoyen, conseils, exemptions, recommandations, aides, cadeaux