Le plus rigolo (je dis rigolo parce que là, je n'ai pas de mots), en cette affaire de Vivendi Universal, ne réside pas dans la réaliste prétention de son ex-boss, Jean-Marie Messier, à réaliser son contrat et, partant, à toucher de ces «indemnités spéciales qui défrayent la chronique et ne se justifient pas», selon ses dires d'antan. Le plus rigolo ne réside pas non plus dans la décision de tribunal arbitral new-yorkais, ordonnant au groupe de verser 20 555 342 euros (au pays des comptes d'Enron, on ne plaisante pas avec la parole engagée) à l'homme qui, fin 2002, laissa la boutique avec quelque 23,3 milliards de pertes (soit on parle toujours en euros une trentaine d'années du déficit de l'assurance chômage des intermittents du spectacle). Le plus rigolo ne réside même pas (mais pourrait... J'en entends qui ricanent) dans les couinements du petit peuple actionnaire découvrant soudain que la spéculation est un jeu où il peut laisser sa chemise sans s'être jamais trop ému de ce que des salariés peuvent y laisser leur peau (mais on sait que les plans de licenciements massifs n'ont d'autre but que de «sauver l'emploi»). Le plus rigolo, à mon goût, réside dans les indignations de Jean-René Fourtou, actuel PDG du groupe, stigmatisant «l'indécence» de Messier. Mieux que «voyou» (patron), ce mot-là, prononcé avec force froncements de sourcils et coups de menton devant une murmurante assemblée générale d'actionnaires, semble introduire un peu de morale dans un monde de bilans
Douleur du petit porteur
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par Pierre Marcelle
publié le 3 juillet 2003 à 23h38
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