Plusieurs médias écrits et audiovisuels ont épilogué sur le coup de fatigue que vivraient nos concitoyens depuis les grèves de mai, stressés par «les pressions permanentes» de notre monde contemporain. Les difficultés dans les transports nous auraient achevés, malgré le beau temps et les ponts à répétition. Un tel diagnostic reste toutefois totalement invérifiable dans la mesure où il n'existe aucun indicateur conjoncturel de fatigue et qu'un tel instrument n'aurait sans doute pas une grande signification. En effet, l'analyse du pourcentage de réponses positives à la question «êtes-vous fatigué ?» est particulièrement complexe et, suivant les circonstances de l'enquête, la qualité de l'enquêteur (médecin, journaliste, institut de sondage, syndicaliste...) ou le contexte politique et social, les résultats seront très différents.
Cependant, que la question de la fatigue soit dans «l'air du temps», que ce «marronnier» resurgisse aujourd'hui alors que ce sujet est plus habituel à l'entrée de l'hiver n'est pas anodin. Le lien que les commentateurs cherchent à établir entre le mouvement social déclenché par la réforme des retraites et un soudain état de fatigue est peut-être plus compliqué que ne le laissent penser les analyses actuelles. Certes, les difficultés de déplacement, les problèmes pour trouver une garde pour les enfants peuvent accroître les tensions du quotidien, mais la fatigue n'est pas un mécanisme simple. Certaines contraintes de la vie sociale peuvent être à la foi