Depuis la dernière élection présidentielle, le constat s'impose, brut et inquiétant : la politique se meurt, terrée dans l'autisme et dans sa discipline godillote, aux ordres des états-majors des partis imposant le silence. Pourtant, face aux récents choix du gouvernement s'agissant tant de la décentralisation que de la libéralisation des marchés publics, tout silence serait complice. Car si, dans le même temps, on renforce les compétences des exécutifs locaux et on supprime tout cadre dans la passation des marchés, on ouvre la porte à un retour en force de ce dont nous sommes saturés jusqu'à la nausée, à savoir corruption et amnistie générale des affaires les plus importantes.
Qu'on en juge : en ne faisant plus référence à la règle du mieux-disant, en supprimant l'obligation d'allotissement, en choisissant la voie du MET (Marché d'entreprise de travaux publics), qui a montré ses «mérites» dans les marchés aussi critiqués que ceux des ascenseurs des HLM de Paris ou du chauffage des lycées du conseil régional, en multipliant les marchés qui, en raison de leur nature, échappent à tout formalisme, et surtout en faisant «exploser» (de 90 000
euros à... 6,2 millions d'euros pour les travaux !) le seuil en deçà duquel aucune formalité n'est requise, le ministre de l'Economie, ancien président du directoire du Medef, présente un projet qui non seulement pénalisera sans rémission les petites entreprises, déjà agressées par la loi du plus fort, mais surtout, avec la disparition program