L'époque estivale, même privée de festivals, est propice aux bilans politiques. Pour la gauche, il est purement et simplement désastreux. Après avoir combattu une réforme des retraites que par calcul politique elle refusa d'engager pour ne pas gâcher ses chances aux présidentielles, la voilà qui attise les feux du spectacle en demandant au gouvernement de ne pas agréer l'accord de l'Unedic sur les intermittents. Dans les deux cas, elle fait feu sur le gouvernement tandis que, plus latéralement, mais non moins violemment, elle s'en prend à la CFDT coupable de collaboration de classe, avec la complicité gourmande de la CGT. Découvrant l'inconfort du réformisme, celle-ci revient au confort de l'opposition. La gauche politique combat des textes qui seront votés et qu'elle ne remettra pas en cause. La gauche syndicale refuse systématiquement de s'engager en faveur d'accords qui finiront par passer.
Mais ce confort précaire se payera au prix fort. Auprès des réformistes, pour qui la gauche est tragiquement discréditée. Auprès des radicaux chez qui elle ne peut être que discréditée. Au train où vont les choses, le spectre qui hante la gauche est bien celui de 1958 : une droite qui rassemble les siens sans brusquer la gauche, notamment en matière d'insécurité, une droite qui défend ses clientèles tout en réformant le pays. Elle fait de ce point de vue l'inverse de ce que Juppé avait fait : réformer à la hussarde en déstabilisant ses clientèles (hausse des impôts) tout en bousculant l