Il y a dix ans, Jean-Pierre Vincent avait fait une analyse juste et déjà alarmiste sur le régime des intermittents. Il avait annoncé le déficit de l'Unedic, l'explosion du nombre d'intermittents en peu de temps et mis le doigt sur toutes les formes d'abus. Mais moi, dans ma première année de fac, j'étais bien loin de tout cela. Je passais vite mes examens et sautais dans un train direction La Rochelle.
Je passais le monitorat de voile le jour et j'allais voir un maximum de concerts le soir aux Francofolies. La grande scène était située juste au bord de la mer, les spectacles étaient un peu chers mais depuis le parc, de l'autre côté du port, on pouvait tout voir sans rien payer. Bon, on était un peu loin, c'était assez inconfortable, mais je trouvais incroyable de pouvoir voir le meilleur de la programmation gratuitement. Cette année-là, les festivaliers étaient encore autorisés à camper dans les parcs publics ou des douches avaient été montées. Les commerçants avaient le sourire aux lèvres. Les stands de babioles succédaient aux stands de babioles. La moindre petite salle affichait fièrement sa programmation. C'était la fin du punk, le début de la house. Il ne fallait pas trop traîner le soir, quand les cannettes commençaient à joncher les trottoirs. Noir Désir hurlait «Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien». Cette chanson (Tostaky) a marqué ma génération, nous la connaissons tous par coeur. A chaque fois qu'on en reparle je crâne en disant que je l'ai entendue moi cette