En privilégiant la méthode plutôt que la vision, en valorisant le dialogue, en escamotant l'idéologie, Jacques Chirac n'a pas facilité la tache des dirigeants de l'opposition. L'interview du 14 juillet ressemblait à un hammam consensuel, rabotant les arêtes, contournant les clivages, édulcorant les obstacles, entourant de buées généreuses chaque difficulté. Dès la rentrée, c'est de toute évidence un nouveau cycle qui commencera : le drapeau de l'union nationale contre l'unilatéralisme américain s'éloignera, les dossiers sociaux chômage, éducation nationale, financement de l'assurance maladie s'imposeront, les échéances électorales du printemps 2004 approcheront, les polémiques sur le statut des entreprises publiques s'aigriront. La vieille frontière entre la gauche et la droite se hérissera de nouveau. Les leaders du PS redeviendront audibles. Depuis un an, ils ne pouvaient qu'organiser la transition, piloter le congrès, prendre date et choisir soigneusement le profil qu'ils offriront dans la phase suivante. Leurs alliés se dérobent : le PC s'époumone à tenter, en vain, de crier aussi fort que les gauchistes ; les Verts s'épuisent à ruisseler parmi leurs ramifications infinies ; les maigres escouades des radicaux de gauche se déchirent violemment en Corse ; les chevènementistes ne peuvent plus qu'espérer en la métempsychose. Seul le PS constitue encore une force capable de ressurgir. Il est certes divisé et son opposition interne ne manque pas une occasion de l'affaiblir
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