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Libération
TRIBUNE

L'intermittent, un modèle de précaire.

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publié le 23 juillet 2003 à 0h14

Jean-Pierre Raffarin a un thème de prédilection : réhabiliter la «valeur travail». Il vient de recevoir un rapport du Conseil économique et social (CES) sur le sujet, un autre, de son club Dialogue et Initiatives, est en préparation. Il suffirait pourtant qu'il se penche à la fenêtre et scrute les manifestations d'intermittents du spectacle. Car ils ont inventé un truc épatant. Ce sont des précaires qui s'assument. D'ailleurs, ils ne se nomment pas ainsi, mais «intermittents». Ils en revendiquent même le «statut». Le mot évoque pourtant davantage la fonction publique que le chômage partiel perpétuel qui est leur lot. Il y a bien un secret : l'intermittence permet d'exercer un métier. C'est-à-dire continuer, malgré les vicissitudes de l'emploi, à faire partie d'une profession socialement reconnue. Le grand «privilège» des intermittents, c'est d'abord cela : savoir que la fin du contrat à durée déterminée (le cachet) ne signifie pas automatiquement la perte de sa qualification. Or la réforme décidée par l'Unedic apparaît aux intermittents, à tort ou à raison, comme une terrible menace : la perspective, faute de parvenir à réunir les fameuses 507 heures en dix mois, d'être exclus du métier. Une sorte de licenciement collectif qui planerait sur 30 000 personnes.

Dans les années 90, le rapport Boissonnat (le Travail en l'an 2000, sous l'égide du commissariat du Plan) avait popularisé l'horrible expression d'«employabilité». Problématique étendue en 1999 par le rapport Suppiot. Le