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Libération

Laissez reposer Compay Segundo

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publié le 23 juillet 2003 à 0h14

Je trouve le début de polémique autour de Compay Segundo absolument indécent. Indécente la polémique, indécent de s'en faire l'écho. Indécent de souligner que Compay Segundo n'a jamais critiqué le régime de Fidel Castro, indécent de mettre en avant que Celia Cruz, elle, était une anticastriste virulente. Indécent pour plusieurs raisons :

1) Laissez les morts reposer en paix.

2) Les deux ont magnifiquement représenté leur pays dans son expression la plus remarquable, la musique et la chanson. Personnellement, j'écoute l'un et l'autre sans discrimination.

3) Chacun est libre de ses choix : Celia Cruz avait choisi l'exil et a dû en assumer les conséquences dont la plus terrible pour elle est sans doute de ne jamais avoir revu sa terre natale. Compay Segundo, lui, est resté comme les 10 à 12 millions de Cubains qui vivent encore à Cuba. Peut-on le lui reprocher? S'il avait ouvert la bouche, il aurait sans doute eu quelques ennuis.

Dans ces conditions, peut-on reprocher à un homme de 90 ans de vouloir terminer ses jours en paix chez lui, sur sa terre natale, avec ses enfants, ses amis, ses souvenirs? Peut-on lui reprocher d'avoir voulu être enterré dans le cimetière de Santiago avec ses maîtres, ceux qui lui ont appris la musique, la musique qui était toute sa vie? C'est indécent de faire un tel procès à un homme qui vient à peine de décéder. Il a peut-être renoué avec le succès grâce à l'Espagne et à la France, pays de Voltaire et des droits de l'homme et patati et patata, mais son