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Libération
TRIBUNE

La réforme, faute de mieux

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par Mariette DARRIGRAND
publié le 25 juillet 2003 à 0h17

Il est tout de même assez mystérieux de voir comment actuellement les leaders de droite comme de gauche se disputent la notion de réforme, alors même qu'elle est consensuellement rejetée par l'opinion. Ils se la disputent en effet, comme si elle était indispensable à leur propre cause. Cela, d'ailleurs, pour des raisons diamétralement opposées.

A droite, la réforme est un terme intensif, fort, chargé de représenter une certaine audace dans la posture politique. Dans l'esprit des responsables qui s'en réclament, le mot signifie l'adaptation nécessaire de la Vieille France au monde actuel et à ses changements ­ notamment, le changement démographique, dont le Premier ministre a parlé, lors de son discours à l'Assemblée sur la réforme des retraites, au même titre que le changement climatique, pour mieux exprimer la modernité de la situation. Le pari qui est fait ainsi est celui, pour la droite depuis Edouard Balladur ­ le premier à avoir à s'être réclamé de la réforme ­, d'incarner désormais le mouvement. Ce dont on peut se demander si c'est cela qu'attend d'elle son électorat.

A gauche, le processus est inverse. La réforme est un terme structurellement atténué. Du coup, il ne peut que symboliser ­ et appuyer sur ­ l'abandon des idéaux radicaux. On est réformiste quand est n'est plus révolutionnaire. En tout cas, réformer la vie, ce n'est pas la changer... Pour celui qui parle ­ par exemple, François Hollande dans son récent 100 minutes pour convaincre ­, la dialectique est donc e