Progressivement, par touches successives, le système politico-institutionnel français opère un glissement et tend, par la volonté de ceux qui l'animent actuellement, à se rapprocher du modèle américain en ce qu'il implique une accentuation du pouvoir du chef de l'Etat. En effet, les caractéristiques les plus saillantes de notre régime parlementaire s'estompent. L'identité constitutionnelle de la France change sous le double effet de réformes ou de volontés de réformes constitutionnelles, et de l'évolution des pratiques politiques, tendant ainsi à s'aligner sur le modèle du régime présidentiel. La cote est néanmoins mal taillée.
La réforme majeure du quinquennat présidentiel, dont l'objectif avoué était d'aligner la durée du mandat présidentiel sur celui d'une législature, permet désormais au Président de la République, grâce à l'effet structurant de son élection sur le système politique, de renforcer son emprise sur la majorité parlementaire en réduisant l'incertitude politique qui résulte d'un scrutin national intermédiaire. Le Président sait que sa majorité le suivra pendant l'intégralité de son mandat, et, réciproquement, les députés savent que le Président les accompagnera durant le leur. Le temps politique se raccourcit puisque le peuple, pour reprendre un mot du professeur Borella, «scandera» plus souvent la désignation de son chef d'Etat, mais il s'annonce, cas de crise exclu, plus linéaire. Le renversement de la priorité temporelle des élections présidentielle et légi