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Libération
TRIBUNE

Les ennemis rapprochés du Congo

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par René LEFORT
publié le 1er août 2003 à 0h29

Trois grands mythes confisquent la conscience collective des Congolais. Leur pays serait la caverne d'Ali Baba de la planète ; le monde entier voudrait en fracturer l'entrée ; la palme de la cupidité reviendrait aux multinationales minières, essentiellement nord-américaines, qui dicteraient à Washington sa politique dans la région. Ainsi, rien de ce qui arrive à ce pays ne serait le fait de ses habitants, et rien de ce qu'ils feraient n'y changerait quoi que ce soit : même les grands acteurs nationaux ne seraient que les marionnettes de manipulateurs internationaux, omnipotents et occultes.

Ces trois mythes sont insoutenables. Quand ils recèlent quand même une once de vérité, elle n'est pas celle qu'invoquent les Congolais. Leur quasi-paranoïa les cantonne dans une impuissance collective qui est précisément l'une des raisons majeures des interventions occidentales.

Le Congo n'est plus une destination prioritaire des grands investisseurs miniers depuis deux décennies au moins : ils ont trouvé ailleurs, y compris en Afrique, des gisements équivalents dont l'exploitation est parfaitement sûre. La ruine de l'économie moderne du Zaïre, la désagrégation de l'Etat de droit, la montée de l'«informel» dans tous les domaines, l'emprise croissante de l'ethno-régionalisme les ont détournés de ce pays, même quand les Occidentaux gratifiaient encore le président Mobutu d'un appui sans réserve parce qu'il était le pilier régional de l'anticommunisme. Pour les «majors» minières, la cause est