Ces derniers mois le mot radicalité est devenu systématique pour qualifier tout propos ou comportement témoignant d'une forme plus ou moins abrupte de refus à l'égard des institutions ou du système de valeurs dominant. On a bien du mal à peser sa réalité et sa prégnance dans l'opinion publique. Les statistiques soulignent une montée des pratiques déviantes et des incivilités, les enquêtes d'opinion soulignent une défiance certes diffuse mais croissante à l'égard des pouvoirs institués et de la représentation politique. Mais peu de chose dans la production sociologique permet de prendre la mesure actuelle du phénomène. Sans doute parce que le terme de radicalité reste assez indéfini et vient qualifier des postures extrêmement variées, depuis une position dissonante à l'intérieur du débat politique jusqu'à des pratiques ultraviolentes émanant de groupuscules politiques ou religieux à visées révolutionnaires.
A défaut de disposer de critères indiscutables pour désigner ce qui relève ou non de la «radicalité politique», une série de faits récents témoigne de la montée bien réelle de pratiques qu'on peut, à défaut, appeler «non conventionnelles». Ce type de situation n'est pas sans précédent en France. A chaque fois, l'émergence de phases de discours ou de pratiques hors des cadres politiques traditionnels a correspondu à des moments, comme aujourd'hui, où la droite était au pouvoir et où les forces traditionnelles de la gauche avaient du mal à canaliser les frustrations socia