Relancer toujours plus la Croissance ! Ce thème obsessionnel, qui a clos le communiqué du G8 d'Evian, domine la vie de la planète. La Croissance quantitative, exprimée par le PIB, prétend en France résoudre nos difficultés d'actualité : retraites, emplois, déficit de la Sécurité sociale, déficit public : elle est censée à long terme diminuer les inégalités économiques, sociales et culturelles. Elle conduirait à réduire la fracture Nord-Sud ; bref elle apporterait la paix et le bonheur à la planète. Peu importe que cette Croissance rende plus incontrôlables les déséquilibres climatiques de la biosphère et les pollutions globales qui en découlent.
Et si ces perspectives étaient irrecevables parce qu'obsolètes sur le fond ? Si «l'ère informationnelle» qui surgit depuis quelques décennies pour dépasser l'ère énergétique rendait ces raisonnements caducs ? L'économie capitaliste de marché, dans laquelle nous baignons, contrôle de plus en plus les esprits. Alain Minc arrive à écrire : «Le capitalisme ne peut s'effondrer, c'est l'état naturel de la société. La démocratie n'est pas l'état naturel, le marché oui.»
Lionel Jospin de son côté affirme : «Oui à l'économie de marché, non à la société de marché», comme si l'une ne conduisait pas à l'autre. La marchandisation du monde s'étend dans tous les domaines : après celles de la terre, de la force de travail et de la monnaie aux XVIIIe et XIXe siècles, celle des «services» au XXe siècle, la marchandisation s'attaque à la santé, la Sécuri