Parmi les premières réactions suscitées par la mort de Marie Trintignant, il en est une, issue de certains fans du groupe de rock français, retrouvée au hasard des sites Internet : «un mot, un seul : silence».
S'il existe un ordre qu'il faut résolument transgresser, c'est bien celui-là qui enjoint encore et toujours aux femmes de se taire et de ne pas dénoncer cela et ceux qui, non contents de les tuer, réclament le silence sur leurs agissements. Car c'est de cela qu'aujourd'hui en France meurent six femmes chaque mois : de ce silence qui, comme un linceul, les recouvrent et tait l'innommable : chacune d'elles meurt sous les coups de son compagnon ou de son conjoint légitime. Elles ont tous les âges, appartiennent à tous les milieux, et leurs conjoints sont souvent des individus dont rien ne laisse supposer qu'ils tissent la trame de ce fascisme ordinaire dont les femmes continuent d'être les victimes parfois consentantes, tant elles ont intégré ces représentations et ces discours qui, dès l'enfance, les vouent au silence, à la patience et à la discrétion en toutes circonstances.
Qui dira la responsabilité de chacun dans ce décompte cruel ? Celle de l'agent de police qui traite l'appel au secours désespéré avec bien moins d'empressement que l'alarme du supermarché du coin ; celle du procureur qui classe une plainte de trop ; celle de la famille qui détourne pudiquement les yeux et répète qu'il est quand même un bon père et que, par les temps qui courent, c'est important pour l