Est-il normal que 45 % du budget de l'Union européenne (soit 45 milliards d'euros sur 100 milliards) soient destinés à financer l'agriculture ? Ainsi posée la réponse ne fait guère de doute. Dans aucun pays au monde, et surtout pas parmi les économies développées, une telle quantité d'argent n'est ainsi destinée à soutenir à bout de bras une activité qui ne prépare en rien l'avenir et dont la part dans la richesse nationale ne cesse de reculer. Quid de la recherche, de l'éducation, des grands travaux d'infrastructure, bref de toutes ces activités porteuses de la croissance de demain, grandes oubliées du budget communautaire ? Il n'est donc pas étonnant que le «rapport Sapir», publié à la mi-juillet sous l'autorité du président de la Commission européenne, Romano Prodi, recommande d'en finir avec cette «relique du passé» que serait le budget européen, afin de le réorienter vers des dépenses qui permettront à l'Union de briser le cercle de la croissance molle dans lequel elle semble s'enfermer.
Mais si les dépenses communautaires doivent être discutées, à l'image de ce qui se passe au plan national, encore faut-il que ce soit à partir des faits et sur des bases saines. Or le travail de ce groupe de sept économistes européens dirigé par André Sapir, un universitaire belge qui fait partie du groupe des «conseillers politiques» de Romano Prodi, pèche à la fois par son malthusianisme, son indigence politique et son ignorance des réalités.
Il est curieux, en effet, que l'on pose en p