Une belle définition de la responsabilité empruntée à Emmanuel Levinas, décrivant celle-ci comme le lieu où chaque individu occupe une place unique et en quelque sorte inviolable, a servi à Marie-Joseph Bertini d'armature à un réquisitoire publié dans les pages «Rebonds» (Libération du 7 août) contre la violence sexiste. Elle affirme que celle-ci tue six femmes par mois et voit dans tous les cas de violences conjugales une manifestation du sexisme.
Défendable, ce point de vue est aussi critiquable car il n'est pas évident que les brutalités commises par les hommes au sein du couple expriment de leur part un sentiment de supériorité du mâle sur la femelle.
Pourtant, c'est sur ce postulat que les procureures du féminisme dénoncent un climat de tolérance à l'égard des crimes passionnels. Pour écrire que nous considérons «le crime commis sous l'emprise de la passion comme une circonstance juridiquement atténuante, alors qu'elle constitue une circonstance aggravante», il faut que madame Bertini n'ait jamais mis les pieds dans une cour d'assises, ni même dans un tribunal correctionnel. Il y a belle lurette qu'aucun acquittement n'a été prononcé en faveur d'un cocu, même marié, rendu fou de jalousie par un adultère avéré. Au contraire, les exemples de condamnations à de longues peines de réclusion prononcées pour le meurtre commis par le mari ou l'amant abondent.
Si l'on devait faire une distinction entre les différentes formes de répression de la violence, on opposerait les violences