Le 8 août 1988, l'armée birmane réprimait dans le sang les manifestations en faveur de la démocratie. Tous ceux qui, parmi nous, ont vécu cet enfer se rappellent les corps ensanglantés de lycéens, de travailleurs ou de moines jonchant les rues de Rangoon. Plus de cinq mille morts. Mais jamais un bilan exact n'a pu être établi.
Quinze ans plus tard, nous sommes toujours en enfer. Peu d'entre nous ont eu la chance de trouver asile en Europe. Nos familles et amis sont soit piégés en Birmanie, soit parqués à la frontière thaïe. Quinze ans plus tard, la communauté internationale n'a toujours pas trouvé une solution pour aider la Birmanie à s'engager dans la voie de la démocratie. Pourtant, nous sommes prêts. Aung San Suu Kyi et les partis d'opposition ne cessent de proposer des solutions concrètes aux problèmes dramatiques de notre pays : la pauvreté, la crise du système bancaire, l'épidémie de sida, le fléau de la drogue, l'échec du système éducatif ou les conflits ethniques. Mais la junte refuse toute ouverture. Aung San Suu Kyi a même été de nouveau emprisonnée après que plusieurs dizaines de militants démocrates ont été assassinés, en mai dernier, par les nervis de la junte. Plus de 1 500 militants politiques sont détenus dans des conditions difficiles.
Depuis 1988, Aung San Suu Kyi symbolise la résistance à l'oppression. Arrivée à Rangoon quelques semaines avant le massacre d'août 1988, au chevet de sa mère mourante, Aung San Suu Kyi va bloquer le scénario des généraux de Rang