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Libération
TRIBUNE

Eté 2003, la catastrophe annoncée

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Pourquoi le plan national de lutte contre l'effet de serre adopté par le précédent gouvernement dort-il toujours dans les cartons du gouvernement Raffarin ?
par Noël Mamère et Denis BAUPIN
publié le 21 août 2003 à 0h40

La canicule a sévi. Les «pics» de pollution se multiplient. Les médecins s'alarment. Les incendies prolifèrent. Les cours d'eau s'étiolent. Les récoltes sont menacées par la sécheresse. On s'inquiète d'une pénurie de production d'électricité et on puise même dans la nappe phréatique pour refroidir les réacteurs nucléaires ! Vision d'apocalypse ? Situation exceptionnelle ? Non, simple prémisse de situations bien pires pour les décennies à venir.

«Notre maison brûle», déclarait le chef de l'Etat dans un discours remarquable à Johannesburg. Et chacun de saluer la vision d'avenir. Tout était juste. Sauf qu'il ne s'agissait pas de l'avenir, mais du présent. D'ici, en France, et de maintenant, en 2003. En effet, au sens propre comme au sens figuré, notre maison brûle.

En cet été 2003, des milliers d'hectares de forêt auront disparu (et nous savons qu'ils n'auront pas été perdus pour tout le monde). Des milliers de personnes âgées, d'asthmatiques, de malades respiratoires vivent des heures difficiles et parfois fatales dans les grandes villes (chaque année, selon l'Organisation mondiale de la santé, la pollution de l'air tue autant que les accidents de la route). Faute d'action en amont, les pouvoirs publics en sont réduits à des mesures d'urgence sans effet, du type diminutions de vitesse non contrôlées ou appels au civisme.

Pendant ce temps, nous observons, incrédules, la transhumance des bottes de paille pour nourrir les troupeaux, nous nous lamentons sur l'état des rivières épuisé