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Libération

Nous n'irons plus au Teknival.

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publié le 23 août 2003 à 0h41

Ces derniers jours, on ne compte plus les journaux qui font leurs choux gras du phénomène techno de l'été, le Teknival du 15 août. Devant cette avalanche médiatique assortie de chiffres ronflants (30 000, 40 000 personnes !), on ne peut que se demander où est passé l'esprit originel du Teknival. Ce n'est pas tant qu'il se soit dilué dans les discussions absurdes avec les pouvoirs publics mais bel et bien qu'il ait, hélas, totalement disparu. Initié par le sound system anglais Spiral Tribe au tournant des années 90, le Teknival se voulait le rassemblement des tribus et des sons qui déjà sillonnaient l'Europe. Point de rencontre musical, confrontation des différents sons, espace de liberté où chacun était son propre organisateur, le Tekos était la parfaite illustration d'une anarchie libertaire en train de fonctionner. Un miracle, une utopie pirate.

Il s'agissait de se retrouver quelque part dans un lieu secret, au milieu de la nature, et de faire la fête sous les étoiles jusqu'à plus soif. Les repéreurs avaient à coeur de dégotter les endroits les plus beaux et étonnants, des messages sibyllins circulaient sous le manteau et le voyage jusqu'au son restait un véritable chemin de croix où il valait mieux savoir manier les cartes IGN pour trouver sa route et disposer d'une bonne réserve de cartes téléphoniques pour contacter une info line volatile.

A l'époque, une grosse fête rassemblait au mieux 5 000 teufeurs, 5 000 techno-warriors actifs et concernés. On y croisait les gens les