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Libération

Le type qui veut pas (2)

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publié le 27 août 2003 à 0h43

Alors, comme ça, elle vous a choqués, la défense de Drummond, mouton noir américain du 100 mètres et «salarié licencié», comme il fut qualifié, hier et ici même, après avoir été dimanche disqualifié de sa série ? Vous avez tort, car des athlètes devenus professionnels, on pourrait même parler comme de prolétaires. Pas en termes de revenus salariaux, évidemment mais en termes d'aliénation ­ ceux-ci bien sûr développant celle-là. L'impeccable Tommie Smith, exclu, lui, en 1968 de l'équipe olympique américaine pour avoir levé haut son poing de black panther sur le podium doré de son 200 mètres (1), disait hier dans ces pages : «Je ne suis pas dupe, je sais très bien ce qui se passe sur et en dehors de la piste.» C'est que Smith est en effet bien placé pour savoir que le chèque fait tout passer, et que sur les pistes aussi, on achète bien les consciences. Jon Drummond, interrogé lundi soir sur les suites de son affaire, a lâché le morceau dans un éclat de rire jaune et cynique : «On était convenus, explosa-t-il, qu'on ne parlerait pas de ça.» C'est qu'à 60 000 euros le titre mondial (de l'argent de poche, au regard des revenus publicitaires annexes), l'athlète met volontiers son mouchoir sur son charisme, quand le charisme a cessé de payer. Condamné l'année dernière par un tribunal de Los Angeles pour trafic de shit, l'homme Drummond sait assez d'où il vient. Du temps de Tommie Smith, plutôt qu'athlète, il aurait fait boxeur (2), basketteur ou footballeur américain ­ toutes prati