Menu
Libération

L'intello

Article réservé aux abonnés
publié le 1er septembre 2003 à 0h47

Dans mon think tank de rentrée, un éclat de comète estivale frappa les commensaux. On évoquait le devenir des intermittents du spectacle à travers les aboiements velléitaires du petit commerce frustré : ici et là, selon des gazettes, plaintes auraient été déposées par des chambres de commerce et municipalités, dans le souci proclamé de renflouer les tiroirs-caisses sabordés par des gueux. La perspective d'une suite juridique, que la complexité procédurale rend des plus improbables, apparut si extravagante de cynisme qu'on ne sut s'il fallait la prendre au sérieux. Alors, l'hypothèse, dans un prétoire, de gargotier prétendant faire rendre gorge à un cadavre d'intermittent pour son champagne qui s'éventait, on la mit au compte des joyeusetés du raffarinisme. Le raffarinisme est ce projet de civilisation modèle où la promesse d'abaissement fastueux de la TVA pour les hôteliers-restaurateurs fait exemplairement écho à la mise à mort d'artistes réduits, à la télé ou au Puy-du-Fou, à la fonction d'aboyeurs sur les trottoirs de l'industrie touristique, comme il en est à Pigalle pour attirer le chaland aux bordels consuméristes. Le raffarinisme, c'est le triomphe de M. Prudhomme facturant, au moment de l'addition, l'accordéon toléré au coin de sa terrasse («Et maintenant, tu dégages ou j'appelle les flics !») Le raffarinisme, c'est le temps des marchands arguant ­ en toute bonne foi ­ qu'ils sont la fin, et que la culture est leur moyen. Le raffarinisme, c'était jeudi l'orgasme du M