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Libération
TRIBUNE

Déconstruire José Bové

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publié le 2 septembre 2003 à 0h49

Dans l'espace politique français nous connaissions jusque-là l'extrême gauche des villes. Il nous faudra désormais compter avec l'extrême gauche des champs. Celle qui veut relancer l'offensive contre la «mondialisation libérale» en recourant à la stratégie classique de la gauche radicale : une critique systématique du capitalisme mondialisé, mais une difficulté réelle à avancer des propositions constructives. Tout détruire pour ne rien assumer : voilà le fil rouge qui relit l'extrême gauche des villes à celle des champs. Voilà aussi ce qu'elle reproche au président brésilien accusé d'avoir trahi la cause du radicalisme en optant pour le réformisme.

Ce radicalisme doit cependant être pris au sérieux. D'abord parce qu'il exprime une insatisfaction sociale, culturelle et identitaire réelle face à la mondialisation. Ensuite parce que bon nombre de critiques qu'il adresse au système libéral sont parfaitement recevables. Déconstruire Bové, c'est donc à la fois récuser les outrances d'un radicalisme romantique sans aucune perspective politique, tout en faisant reculer le conformisme libéral dont les faiblesses éclatent au grand jour.

Au coeur du radicalisme altermondialiste figure en premier lieu une attaque en règle contre l'OMC (Organisation mondiale du commerce) accusée d'être une machine entre les mains des multinationales. Cette interprétation n'est guère convaincante.

Rappelons tout d'abord ce qu'est l'OMC. C'est avant tout une organisation dominée par les Etats, ce qui en soi c