Après le grand chambardement, il faut trouver le nouveau souffle qui va réenchanter les arts vivants dans notre pays. C'était un pacte tacite entre nous : on ne touche pas à l'artistique, c'est un espace sacré. On pouvait s'entretuer, mais on posait les lances à l'entrée avant de s'asseoir autour de la table ronde. Même en juillet 1968, on montait sur les scènes, mais il était interdit d'interdire. Le 10 juillet, lorsque Bernard Faivre d'Arcier annonce la mort du Festival 2003, tout le monde sanglote, grévistes et non-grévistes. Personne n'a voulu ça, c'est la mort dans l'âme que techniciens et artistes ont voté la grève, la mort dans l'âme que l'on a arrêté ce festival.
Changement d'époque : l'explosion de colère a soufflé le sanctuaire. Les prises de parole, les pétitions, tout l'arsenal militant a été épuisé. «La France veut abandonner les plus précaires d'entre nous.» Alors basta ! Finie la guérilla, maintenant la bombe ! Finis les festivals, place aux forums. L'effet de souffle est dévastateur, et fait tout remonter, le pire comme le meilleur, ce n'est plus l'art qui contredit le discours mais le discours qui met l'art en échec. Et pourtant il y avait plus à entendre sur la précarité dans les textes annulés de Didier Georges Gabily que dans tous les communiqués. Les annulations des créations sont très dures à avaler pour les artistes qui y ont investi leur vie et pour ceux qui se battent pour aider les jeunes créateurs à émerger dans un monde qui les nie.
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