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TRIBUNE

Libérer l'école de la pub.

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par Paul Ariès
publié le 8 septembre 2003 à 0h53

Chaque rentrée scolaire est l'occasion de transformer un peu plus les enfants en hommes-sandwichs pour le profit des grandes marques. Le Mouvement pour une rentrée sans marques est né à l'initiative de Casseurs de pubs, des jeunes qui refusent de devenir de la chair à pub pour les guerres économiques. Ce débat sur la place de la publicité à l'école pèse 100 milliards d'euros, et concerne 12 millions d'enfants scolarisés. L'enfant d'âge scolaire développe ses valeurs et ses goûts : ce qui est acquis durant cette période reste acquis toute la vie. Les deux tiers des produits consommés à cet âge le seront aussi à l'âge adulte. L'Europe, consciente des dangers, recommande des codes de bonnes conduites. Ils feraient merveille là où la publicité scolaire est autorisée en raison d'un vide juridique (Irlande, Italie, Pays-Bas, Autriche, Danemark, Espagne, Suède, Finlande et Royaume-Uni) et pourraient se substituer aux lois là où elle est normalement interdite (Allemagne, Belgique, Grèce, Luxembourg, Portugal et... France).

La France, qui s'apprête à fêter le centenaire des lois de laïcité, oublie pourtant que son but à l'école est de défendre la capacité de jugement. Nos anciens savaient que la publicité est contraire à tout projet éducatif : c'est pourquoi, bien que beaucoup moins victimes que nous, ils avaient tenu dès 1936 à poser le principe de son interdiction. Cette protection a été réaffirmée en 1952 puis en 1967 et 1976. L'administration a cependant peu à peu violé sa propre