L'Empire contre-attaque, malgré lui. Sonnée par le 11 septembre, l'Amérique de George W. Bush est depuis cette date en guerre contre le terrorisme international. Une menace planétaire combattue militairement, qui inclut aussi un volet politique : la reconstruction des Etats, afin d'éviter qu'ils ne se transforment en sanctuaires pour le réseau Al-Qaeda et ses affidés. Professeur à l'université de Harvard, Michael Ignatieff s'est rendu sur le terrain pour ausculter la gestion de l'après-guerre par les Américains et leurs alliés, notamment européens, en Bosnie, au Kosovo et en Afghanistan. Ecrit avant l'intervention en Irak, son petit livre, Kaboul-Sarajevo, les nouvelles frontières de l'Empire, résonne comme une mise en garde adressée à ceux qui, au sein de l'administration Bush, seraient tentés de passer par pertes et profits ce que les Anglo-Saxons appellent le nation building.
Dans le livre de Michael Ignatieff, on croise beaucoup de Français : Bernard Kouchner au Kosovo, un architecte français chargé de reconstruire le Vieux-Pont ottoman détruit par les nationalistes croates à Mostar (Gilles Péqueux), un général de gendarmerie qui, apprenant que le chercheur américain travaille sur la problématique de la reconstruction, lâche : «Mes condoléances, monsieur.» Des Français et, plus largement, des Européens dont le rôle est réduit par les Américains, affirme l'auteur, à celui de simples «adjuvants». «Aux Américains, le champ de bataille ; aux Français, aux Anglais et aux Allem