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Libération

La belle querelle

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publié le 12 septembre 2003 à 0h57
(mis à jour le 12 septembre 2003 à 0h57)

Au premier regard, l'exercice est plaisant comme un concours de rhétorique : sur un sujet bateau, faisons des vers vélo, se dit un jour le philosophe et poète Michel Deguy (Libération du 1er septembre). Son propos à peine provocateur et gentiment libertaire ayant de la plume, on le lit ; pour mieux dire, on le goûte, avec la gourmandise sereine que l'on prête à ces choses sans trop d'enjeu qui nous reposent des guerres ; au petit bonheur les mots, jusqu'à la chute allitérative en V de son vélo virtuose et vertueux. Puis, on passe à autre chose, mais badaboum ! Huit jours après (Libération du 10 septembre), le citoyen et polygraphe Dominique Noguez, ayant à ses basques M. Guy Benoît, «psychiatre honoraire» (c'est quoi ?), déboule dans le débat avec, sur le porte-bagages, les oeuvres de Stendhal, de Baudelaire et de Léon-Paul Fargue. Contre la prose légère d'un Deguy à la pédale ailée, il y plaide les droits du piéton avec les semelles de plomb de la prose du Dalloz. Nom de Dieu ! Les choses deviennent sérieuses ! Voilà de la bonne matière à s'étriper de conserve, me disais-je in petto, en me demandant si moi-même, j'étais plutôt, sinon deguyste ou noguézien, et cycliste ou piéton dans mes comportements urbains. D'abord soucieux d'apporter une contribution à un aspect essentiel du débat sur la liberté et la sécurité, je dus bientôt me résigner à ne pas. C'est qu'il m'est assez vite apparu que, dans la jungle urbaine, ma propension à crocheter la roue du cycliste accroché à son