Des articles alarmistes circulaient dans la presse européenne pendant l'été. On craignait les décisions allemandes ; c'est de France qu'est venu le premier coup. Préférer les baisses d'impôt au comblement du déficit, repousser à 2005 le retour au Pacte de stabilité, (et encore, si une croissance optimiste est au rendez-vous), concrètement, cela signifie : prendre le risque de casser l'euro. Le deuxième coup a suivi avec le refus suédois dans lequel l'attitude française a eu sa part.
Désormais, le gouvernement de monsieur Raffarin doit être clair : veut-il assumer l'une des responsabilités les plus lourdes qui puisse être envisagée à l'échelle de l'Europe voire du monde tout entier ?
Casser l'euro, c'est détruire vingt-cinq années d'efforts de centaines de millions d'Européens, c'est biffer d'un trait la politique suivie dans des pays cousins par des dirigeants de toutes tendances. La postérité rendra un jour honneur à cette génération de politiques aux commandes des Etats européens entre 1980 et la fin du siècle. Tous, sans exception ont accepté le principe (qu'ils ont presque tous vérifié) de perdre les élections plutôt que de sortir de l'alliance. Il y eut des moments où la tentation fut forte, par exemple de rompre avec l'austérité, de tenter la relance. Personne n'a osé briser ce rêve incroyable, inouï à l'échelle de l'histoire humaine : créer de toutes pièces une nouvelle monnaie, une monnaie commune.
Oui, c'est vrai, l'Europe s'est construite sur l'économie. Avant de s'en