Loin, très loin et pour ainsi dire d'un autre monde, on regarde se développer ce débat commodément dit du «déclin français», qu'un petit essai de l'économiste et historien Nicolas Baverez initia en y servant de prétexte. Intitulé La France qui tombe (Perrin éd.), l'ouvrage autopsie le pays dans la mise en équation de son histoire économique et sociale moderne (en gros, depuis les années 1970), et mesure ainsi son influence dans l'évolution du monde bouleversé. Curieusement, de ce propos journalistico-universitaire ne demeure bientôt que son apparence. Celle du titre, d'abord, où une métaphore typographique fait s'affaisser la seconde syllabe du mot tombe (où le rouge est mis, pour signifier un drame, sans doute...) comme en une débandaison ; et, derrière la densité sémantique promise par le mariage du sujet France et du verbe tomber, la minceur et la main molle d'un livret de 134 pages. Du bien-fondé d'une thèse qui se ferme sur le souhait très conformiste d'une «réforme», on ne disputera pas. Le point de vue national, qui ferme la porte à toute utopie, induit d'emblée le «déclin» déploré, lequel appelle un débondage de fantasmes (c'est qu'il s'agit de «la France», Môssieur...). Et pourtant... Dans le monde tel qu'il ne va pas, on serait volontiers preneur de glose qui nous émancipe de nos frontières nationales, et la réflexion sur un «déclin» de son carcan économique. Que puisse encore se réfléchir l'humanité sans que soit remise en cause la notion de travail (et son coroll
Le déclin de la pensée
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par Pierre Marcelle
publié le 18 septembre 2003 à 1h02
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