Qu'arrivera-t-il si Yasser Arafat devait être expulsé vers Gaza, voire éliminé par une salve de balles, à en croire les déclarations de certains ministres ? Une chance de paix entre Israël et les Palestiniens se verra-t-elle accrue et le terrorisme cessera-t-il aussitôt ? Un nouveau dirigeant se lèvera-t-il pour unifier les Palestiniens et les conduire à un processus de paix, malgré les douloureux compromis nécessaires ?
Il faut être bien rêveur pour le croire. Certes, Arafat est, sans aucun doute, un dirigeant problématique, versatile et déloyal, qui a causé une catastrophe pour son peuple, dès lors qu'il a raté, en juillet 2 000, la chance de transformer les propositions d'Ehud Barak en un levier afin d'obtenir un accord satisfaisant pour les Palestiniens. Arafat, serinent à l'envi les spécialistes de la sécurité, représente un obstacle sur la voie de la paix (au demeurant, Sharon lui-même peut être décrit comme un obstacle à la paix). Mais, malgré toutes les difficultés que posent la personnalité et les actes d'Arafat, Israël commettrait une grave erreur, voire un crime, en s'en prenant à sa personne. Certes, Arafat a du sang sur les mains ; mais Sharon aussi a du sang sur les mains. Il existe aujourd'hui très peu de dirigeants, des deux côtés, qui aient les mains pures, et, en fin de compte, les deux camps seront obligés de serrer la main souillée du sang de l'autre.
L'élimination d'un dirigeant ennemi est une pratique d'organisation terroriste, non d'un Etat de droit. S'a