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Libération
Critique

La force et la justice

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publié le 22 septembre 2003 à 1h05

La réputation de Pierre Hassner comme analyste des relations internationales est inversement proportionnelle à la place que ses livres occupent sur les rayonnages des bibliothèques. Il trouve ses aises dans le format éditorial des revues auxquelles il collabore ­ rarement plus de trente pages. De loin en loin, il consent toutefois à rassembler ses articles. Ainsi, le deuxième volume de la Violence et la paix ­ qui paraît... huit ans après le premier ­ reprend tels quels des essais contemporains des faits historiques qui les ont suscités (certains ont trente ans d'âge). La réflexion «à chaud» est un exercice périlleux pour quiconque. La manière dont celle d'Hassner résiste à l'épreuve du temps témoigne de sa qualité.

Sa méthode est faite de modestie (il avance pas à pas à travers un déchiffrement de la littérature spécialisée sur chaque sujet) mais aussi d'exigence (la question philosophique du juste est toujours présente, au moins à l'état latent). Ainsi, selon ses termes, «les réflexions les plus abstraites suivent les avatars de la réalité historique (...), la pensée revient de son voyage au pays de la force en retrouvant les mêmes tensions et les mêmes dilemmes, mais en s'étant chargée d'un contenu historique et réflexif qui pourrait annoncer sinon le dépassement des problèmes, du moins leur déplacement vers un nouveau terrain». Cela expli que que, bien qu'appartenant par ses activités professionnelles «au milieu international des spécialistes de l'analyse diplomatique et