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Libération
TRIBUNE

France-Etats-Unis, les frères ennemis

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Les Américains imputent aux Français le rejet dont ils sont l'objet depuis la crise irakienne.
par Bernard Spitz, juriste et maître de conférences à l'université de Paris-I Panthéon-Sorbonne.
publié le 24 septembre 2003 à 1h06
(mis à jour le 24 septembre 2003 à 1h06)

Il y a des mots qui font mal. Jeudi dernier, dans le New York Times un article était intitulé : «Notre guerre avec la France.» Ses premières lignes disaient en substance : «Il nous faut voir les choses en face, nous Américains. La France n'est pas simplement notre allié énervant. Elle n'est pas juste notre rival jaloux. La France est en train de devenir notre ennemi.»

Le New York Times n'est pas un brûlot provocateur, c'est l'un des journaux les plus respectés au monde. L'auteur de ces lignes, Thomas L. Friedman, n'est pas un dangereux agitateur, c'est un éditorialiste réputé de politique étrangère, lauréat du prix Pulitzer en 2002. Il n'a pas écrit dans le feu de l'action militaire : l'offensive a cessé depuis des mois. Il n'a même pas agi en militant zélé pro-Bush à l'approche des élections, puisqu'il est le premier à souligner que «l'arrogance de l'équipe de Bush a aiguisé l'hostilité de la France», et que si Bush et Rumsfeld n'avaient pas été si «imbus d'eux-mêmes après la victoire militaire en Irak» et avaient tendu la main alors à Paris, la situation aurait été différente.

En somme, voici un article parfaitement pensé et assumé. Voilà ce qui fait mal, et aussi ce qui fait peur. Car aussi infondées ces lignes soient-elles, il nous faut, nous Français, voir aussi les choses en face. Il existe un courant persistant aux Etats-Unis qui a pris la France comme cible de ses frustrations contre le rejet dont les Américains font l'objet, du monde arabe aux altermondialistes, des f