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Libération

Je sais qu'un jour cela peut m'arriver.

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publié le 27 septembre 2003 à 1h10

Encore une fois, une mère se retrouve seule, face à la demande de son enfant, Vincent. L'acte qu'elle a commis lui confère aux yeux de la loi l'étiquette de criminelle, d'assassin. Il est grand temps que les législateurs agissent pour donner un statut adapté à ce geste que, par amour, une mère impuissante a dû commettre seule.

Personnellement confrontée à un drame à la fois semblable et différent, la personne que j'accompagne n'a aucun moyen d'exprimer sa pensée ni de se faire comprendre. Imaginez un Vincent sans le pouce pour dire ce qu'il éprouve depuis un an. Imaginez-le au féminin, 32 ans et deux jeunes enfants. Une maman percluse de douleurs, plongée dans un monde intérieur, et seule face à sa pensée. La morphine répond à la douleur physique, mais la douleur psychique, comment l'alléger ? Nous sommes impuissants, et nous attendons ou la vie ou la mort, une attente qui peut durer très longtemps. D'ici là, que font les pouvoirs publics pour les nôtres, pour améliorer leur vie ? Ah, c'est vrai, on réduit les crédits de la recherche de 30 %, sans parler du manque de personnel hospitalier et de structures médicalisées et spécialisées pour ce type de handicap...

Je souhaiterais connaître le nombre de familles confrontées à de tels drames. Ce que je peux dire, c'est qu'en jugeant Marie Humbert, la société devra la regarder en face et voir dans ses yeux le reflet de la lâcheté et de l'hypocrisie collectives. Peut-être y verra-t-elle le courage et l'exemple donnés par Vincent pour